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Les chaînes privées s’en prennent à France Télévisions, le groupe public contre-attaque

Les chaînes privées s’en prennent à France Télévisions, le groupe public contre-attaque

Après le Bureau de la Radio concernant la publicité sur Radio France, c’est au tour de l’Association des Chaînes Privées (TF1, M6, Altice, Canal+) de s’en prendre à France Télévisions. L’ACP vient d’écrire à la Première ministre pour demander des clarifications face à des « asymétries juridiques » favorables au service public. France Télévisions n’a pas tardé à répondre en rappelant « la refondation de son cadre stratégique ».

Les relations entre les chaînes privées et le service public se tendent, alors que le Sénat doit étudier, le 12 juin, la proposition de loi sur l’audiovisuel et que France Télévisions négocie son Contrat d’Objectif et de Moyens avec l’État.

Dans un courrier cosigné par les quatre groupes privés (que nous publions ci-dessous), l’ACP rappelle que « l’équilibre du secteur de l’audiovisuel doit reposer d’une part, sur un pôle public au financement pérenne et recentré sur ses missions et d’autre part sur des groupes privés ambitieux, souvent financés par la publicité (…) ».

« Force est de constater que le service public jouit, depuis plusieurs années, d’avantages compétitifs – importants par rapport aux groupes privés – qui interrogent sur la clarté de ses missions et de son financement » peut-on lire.

L’ACP dénonce la programmation de France Télévisions qui « s’organise pour proposer sur sa chaîne leader, grâce aux asymétries juridiques qui lui sont favorables, des programmes de plus en plus proches de ceux diffusés sur nos antennes ».

Pour illustrer cette situation, les groupes TF1, M6, Altice et Canal+ pointent les conventions qu’elles signent chaînes par chaînes avec l’Arcom alors que le cahier des charges de France Télévisions « organise des obligations pour l’ensemble du groupe ». Pour l’ACP, « cela permet (à France TV) de reporter des missions et obligations sur ses chaînes marginales (France 4 et Culture Box), voire sur le digital… ». Pour l’Association, cette stratégie permet au service public de « développer une programmation étonnamment commerciale sur ses grandes chaînes, en particulier sur France 2 » et qui aboutit à « une sous-exposition des œuvres et programmes relevant de ses missions de service public ».

Nous estimons que 25 % du chiffre d’affaires publicitaire de France Télévisions est réalisé après 20h.

TF1, M6, Altice, Canal+

Pour étayer ces propos, les chaînes citent le dernier rapport de l’Arcom sur l’exécution du cahier des charges de France Télévisions qui relève, selon elles, « une quasi-disparition des cases de spectacle vivant sur France 2 et France 3, l’absence de diversité en matière de fiction française, avec une programmation principalement policière, (…) une offre de documentaire en diminution et réservée à France 5 et enfin une offre de cinéma où la programmation en films américains est bien conséquente ».

Outre la « cannibalisation éditoriale sur la TNT », l’ACP dénonce également le financement. Elle accuse France Télévisions de contourner les règles du jeu dans l’interdiction de la publicité après 20 h et profiterait « d’une interprétation à son avantage » s’agissant du parrainage. « Nous estimons ainsi que 25 % du chiffre d’affaires publicitaire de France Télévisions est réalisé à ces horaires en principe protégés, avec une moyenne de 25 minutes par jour d’offre publicitaire après 20 heures. (…) Et les recettes de télévisions de rattrapage de France Télévisions représentent déjà 15% du marché ».

Inflation des droits audiovisuels

En matière d’achats de droits audiovisuels, les chaînes privées se retrouveraient de plus en plus souvent en concurrence avec France Télévisions, ce qui contribue « à l’inflation des droits sportifs, cinématographiques, audiovisuels… ».
Tout en défendant « un service public fort et bien financé », les quatre groupes privées signataires demandent « la mise en place d’obligations de service public plus précises assorties d’indicateurs chiffrés chaînes par chaîne ». Mais, également « une clarification des rôles et du niveau d’intervention du secteur public dans les genres populaires comme le sport, la fiction et le cinéma américain ». Enfin, ils réclament « une clarification des interdictions publicitaires pour mettre fin aux pratiques de contournement ».

Cette transformation s’est faite au bénéfice d’une croissance significative des audiences des chaînes.

France Télévisions

L’Etat Major de France Télévisions n’a pas tardé à répondre dans un long message que 100%Media s’est procuré. Le groupe public « s’est engagé en 2017 sur la refondation de son cadre stratégique impulsé par l’Etat dans un contexte de forte diminution de la dotation publique. Les grilles de programmes des chaînes publiques ont été à ce titre fortement optimisées tout en veillant à remplir scrupuleusement l’ensemble des obligations liées au cahier des charges. ». Pour France TV, « cette transformation s’est faite au bénéfice d’une croissance significative des audiences des chaînes sur tous les publics tout en développant fortement les audiences numériques. ». Le groupé présidé par Delphine Ernotte pointe les efforts budgétaires : « France 2 a vu son coût de grille complet (programmes, information et sports) passer de 779M€ à 719M€ (…), tout en renforçant ses missions de service public, France 2 a renforcé son audience (de 13% de PdA en 2017 à 14,8% en 2022). »
Enfin, « Le budget du cinéma américain a ainsi été quasiment divisé par deux sur la période, passant de 14,3 M€ à 8M€. ».

François Quairel

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